ET SI NOUS BUVIONS LE JARDIN — ft Koya

Qu'est-ce qui t'a pris d'accepter une telle requête ?! D'un geste succinct le chevalier offrit une pichenette sur l'ouvrage doué de la parole, l'incitant à fermer ce qui pouvait bien lui servir de clapet avant qu'il ne soit lancé dans la cheminée. Sione n'était pas un homme susceptible d'accepter les demandes ou requêtes — bien au contraire, lui et sa mine peu aimable étaient connus pour refuser la quasi-totalité des missions en dehors de sa spécialité ou juridiction. Et pourtant, oui pourtant le voilà à Imil à le recherche d'un commanditaire de Nix. Ce dernier était là pour retrouver des plantes, des pousses bien loin des pensées et des occupations du mage.

Comment avait-il pu se retrouver là ? La réponse était plutôt aisée — un service, un rendu pour certain besoin qu'il avait eu il y a de cela quelques mois. La requête à un individu de la capitale, personne qui souhaitait absolument éviter de se retrouver dans cette panade à tel point de faire chanter le chevalier pour qu'il se rende sur les lieux à sa place. Prétendre dévoiler un secret pour le forcer à agir ; un véritable traquenard.

Bon point de la journée le soleil se voulait présent, il décorait le ciel bleuté de sa présence offrant des températures adéquates et surtout, au goût de Sione. Lui qui avait toujours ce froid jonché sur ses épaules pouvait enfin prétendre à ressentir de la chaleur, une absence de frisson. Il était arrivé la veille afin de profiter d'une nuit de tranquillité au sein d'Imil — autant tirer du positif du moment. L'instant fatidique était pourtant arrivé, il devait passer aux choses sérieuses. Esquivant avec aisance les passants dans la rue, il déposa son attention sur les présents, ses pupilles dansaient au rythme des discussions, des vas et viens des habitants de la cité.

En retour, la populace lui offrait des courbettes, des salutations, la tenue de Sione traduisant sans mal son rang et ses dispositions à la capitale. Des tissus rares et soyeux, un grand col encerclant sa fine nuque ainsi que des jambières d'un métal ivoire bien difficile à dénicher pour la normalité. Comme à l'accoutumée aucune arme ne se permettait de souiller sa tenue, il était vierge de toute lame. A quoi il ressemble ce pauvre magicien venu d'ailleurs ? L'ouvrage questionna tant bien que mal son maître d'une voix étouffée, ce dernier encerclé de lanière, attaché à sa ceinture.

Un instant. Sione figea son avancé d'un arrêt net, plaçant une main sur sa hanche — son regard, lui, se posa sur un certain individu au loin, adossé contre un mur. L'inconnu possédait toutes les caractéristiques que sa connaissance lui avait confié. Trouvé, espérons-le. Le chevalier s'avança tout en passant ses doigts dans sa chevelure ébène puis il croisa les bras en fixant le potentiel partenaire pour cette bien piètre et agaçante mission. Vous devez être de Nix, l'homme aux plantes ? La question semblait étrange mais rien ne lui vint d'autre pour l'aborder.

ET SI NOUS BUVIONS LE JARDIN || ft Koya

www — Sans nul doute le chevalier avait réussi à dénicher la bonne personne. Il n'avait pas eu à fouiller dans les différentes ruelles et ainsi perdre d'avantage son temps. Bien que satisfait de cette découverte Sione se permit un soupire en guise de point de départ à une mission aussi agaçante qu'ennuyante. Son regard se voulait furtif, ce dernier détailla l'allure de cet habitant de Nix. Banal. Le seul terme qui lui vint à l'esprit à cette vision était celui-ci. Une mine perplexe s'afficha sur son faciès puis il plaça sa main droite en poche, silencieux.

Enfin une réponse. Soit vous êtes donc la bonne personne. Constat à nouveau histoire de bien appuyer sa victoire dans cette recherche. Il poursuivit sur un ton monocorde, presque blasé. Hm, Koya cela sera effectivement plus simple à l'usage. Le chevalier tendit sa main vers lui. Sione, membre du conseil de l'Egide Blanche. L'interrogation suivante de son vis à vis le fît elle hausser un sourcil — il lisait dans son esprit se demanda-t-il sur l'instant. Ne te mets pas à te faire des idées, tu tires une tête de six pieds de long. La voix de l'ouvrage se fît entendre, ou du moins murmurée. Féminine et maîtrisée, il était possible de l'entendre bien que le rendu des propos utilisés était difficile à cerner.

Sourcil hissé. On peut dire cela, oui. Tout aussi agacé que moi de vous retrouver ici ? Seulement courroucé, certainement pas — Sione était sur les nerfs, sa dignité était comme bafouée, comment un mage de son niveau, de son talent pouvait bien se retrouver dans une telle panade. Son esprit était si remonté qu'il ne remarqua même pas tout le laïus prononcé par son partenaire du jour. Hm ? Il se massa la nuque puis sembla enfin tiquer la requête de Koya. Oui tenez, la voici. Retirant sa main de sa poche il l'enfila dans sa sacoche en cuir accrochée à sa ceinture, non loin de l'ouvrage doué de parole puis en extirpa une liste qu'il lui présenta. Je n'y connais rien, à vous l'honneur.

ET SI NOUS BUVIONS LE JARDIN || ft Koya

www — Il fallait avouer que cet homme présent face à lui était bien plus expressif que sa personne. Bien qu'une tâche ingrate lui était posée sur ses épaules il semblait prendre les choses à la légères — le mage de Nix donnait presque la sensation d'être en vacances à Cinis, que la chose finirait bien par devenir agréable. Sur ce coup, Sione avait des choses à apprendre lui qui n'était que sensations négatives depuis quelques mois. Le fixant le chevalier se questionna puis se reprit cessant de rester coi. Ne prenez pas mon rang de manière écrasante. Les propos quittèrent sa bouche soudainement, la réponse un brin hésitante de Koya l'ayant incitée à le faire.
Vu cette mission je ne suis qu'un individu de Cinis lambda, un simple soldat aurait pu faire la même chose disons que j'ai joué de malchance. Un soupir à nouveau puis il se reprit. Cela ne te fera pas de mal de profiter du soleil et de penser à autre chose qu'à cette guerre. Sione sentit l'envie de frapper le bouquin qui l'ouvrait à nouveau mais il se ravisa, réalisant sans mal que dans le fond, il n'avait pas forcément tord. Un coup d’œil furtif vers le ciel, profitant de la chaleur du soleil sur son visage. Oui, il disait vrai.

Sione se voulait moins crispé, son visage arbora une mine plus posée, sa mâchoire se décrispant quelque peu suite à son constat propagé par l'ouvrage. Hm, quoi ? Un sourcil haussé apparu et se dissipa, n'offrant que la vision d'un sourire moqueur. Etudiant chercheur est donc un sobriquet doux et adroit pour désigner un esclave. J'en prends bonne note. Pauvre de lui — le chevalier espérait que malgré tout, Koya se rendait compte de son statut ingrat. Si ce dernier jouait la cécité, cette histoire pourrait virer au pathétique en une poignée de secondes.
Puis il tendit la liste, attentif aux noms cités par le mage. Incompréhensible. Ola ola doucement je ne m'y connais absolument pas en herborisme. Je peux vous citer un grand nombre de sorts mais alors vous énoncer les propriétés de telles ou telles plantes... Il croisa les bras. Dites-moi où trouver tout cela et je vais tenter de vous dénicher l'échoppe appropriée. Il réfléchit un moment suite à la requête de Koya puis désigna de la main la rue plus loin. Disons par ici il devrait y avoir une bonne boutique pour débuter nos recherches. Il commença à marcher sans attendre une réelle approbation. Et donc, pas peur de voyager malgré la triste situation de Cinis ?